vendredi 31 octobre 2014

Réforme, vous avez dit réforme comme c'est bizarre !


Le monstre du Loch Ness

« Être réaliste, c’est préférer dessin désintoxune réforme modeste, qui en permet une autre, à un miracle impossible. »
Habib Bourguiba
Elle est la mère de tous les maux de l’Éducation nationale. Elle est responsable de la baisse du niveau des élèves (d’ailleurs l’heure de chaire devrait être pondérée d’autant à la baisse). Elle provoque aussi celle des enseignants nouvellement recrutés (puisqu’ils sont de jeunes ex élèves dont le niveau baisse). Elle est dirigée en sous-main par des puissances occultes installées dans un triangle Bruxelles-Strasbourg-Luxembourg ville (mais de humbles héros les ont démasquées sur néo-profs…). Elle vise à transférer aux régions, aux départements ou pire aux communes les enseignants comme de simples TOS. Elle vise à transférer aux CA des collèges et lycées, donc aux collègues, des compétences renforcées comme l’attribution de certaines indemnités (et l’on voit FO appeler ses adhérents à prendre le pouvoir dans les CA. Pour distribuer des indemnités comme un épouvantable chef d’établissement ou patron d’entreprise ?). Elle voudrait fondre en un seul ordre le primaire et le collège. Elle aimerait marier des corps si différents (vite, La Manif pour tous au secours!).
Elle, c’est la réforme. Pour les uns une nécessité, pour les autre, une infamie. La réforme a les épaules larges car même quand elle n’existe pas ou quand elle n’a pas été mise en œuvre, on la charge de tous les maux. Avec le temps, c’est même devenu un épouvantail informe qu’on ne différencie plus d’un autre. C’est la faute à la réforme, on a lutté contre la réforme, on demande l’abrogation de la réforme. De quelle réforme ? De quoi précisément ? Peu importe en fait. L’essentiel est de faire peur, de faire croire que des acquis vont être perdus, que les statuts vont tomber quand bien même les futurs ex statuts ne protégeaient en rien tant ils étaient obsolètes. [Une remarque, empruntée à une collègue qui se reconnaîtra et que je remercie. Que les profs de SEGPA dans la salle ayant perçu ou percevant l'heure de chaire lèvent la main ! Eh bien, les statuts de 50 ne le permettaient pas, la discipline n'existant pas alors. Le même texte étant en vigueur jusqu'au 31 août 2015, vous pouvez rendre les sommes illégalement perçues. Alors, vous vous sentez toujours protégés ?]
Il faut dire aussi que différentes réformes ont largement justifié leur mauvaise réputation. La faute à une instrumentalisation politique pour faire des économies comme la réforme du lycée ; la faute aux blocages orchestrés par des forces syndicales comme pour le conseil pédagogique ; la faute aux obstacles dressés par les corps intermédiaires peu convaincus de leur bien fondé comme pour le socle commun. La liste est malheureusement longue des réformes inabouties, avortées, abandonnées comme un soldat japonais sur une île perdue du Pacifique. On n’en a jamais dressé le bilan, on n’y a jamais mis fin, on ne leur a jamais donné les moyens de se développer.
Le Sgen-CFDT est réformiste mais pas de ces réformes-là. Pour le Sgen-CFDT, réformer ce doit d’abord être une méthode fondée sur des constats partagés, sur des objectifs et des moyens clairs, sur des échéances définies, sur des améliorations pour tous, sur des bilans concertés pour savoir s’il faut aller de l’avant, rectifier des choix ou laisser tomber. Les mots-clés sont donc concertation, transparence, évaluation. C’est-à-dire l’antithèse de bons nombres de projets présentés comme des réformes ces nombreuses dernières années : autoritaires comme le passage à 4 jours à l’école primaire en 2008, absconses comme le livret personnel de compétences, délaissées comme l’accompagnement personnalisé. Ce qui manque à nombre de réformes, c’est la capacité de tous les partenaires, de chaque côté de la table, de dialoguer. Pour la CFDT, il faut dialoguer quand c’est possible, contester quand c’est nécessaire.
Pour le Sgen-CFDT, réformer ce n’est pas le grand soir, c’est transformer le quotidien du plus grand nombre. Ce n’est pas que dans les Ministères que l’on améliore le sort des collègues et la réussite des élèves. C’est aussi au plus près du terrain, dans les établissements, les écoles, les services.

UNE RÉFLEXION AU SUJET DE « LE MONSTRE DU LOCH NESS »

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