vendredi 31 octobre 2014

Annualisation de temps de services : pourquoi mettre le feu au poudre ?

ANNUALISATION DE TEMPS DE SERVICES : VIVE LA THEORIE DU COMPLOT !


Depuis quelques jours, un syndicat s’érige en défenseur des pauvres professeurs (des collèges, lycées, lycées professionnels) victimes d’un décret inique et que ce syndicat est bien évidemment le seul à dénoncer les effets pervers.
Oui chers collègues, une malédiction terrible va bientôt s’abattre sur vous si vous ne signez pas la pétition idoine plus vite que votre ombre… Vous allez devoir bientôt effectuer 44 heures par semaine dans vos établissements respectifs ! Si, si c’est signé, publié et tout et tout.
Ce discours anxiogène provoque des réactions de panique des collègues et prouve surtout l’angoisse profonde des collègues qui se sentent dévalorisés dans leur profession.
 Le décret dont il est question est le décret 2014-940 du 20/08/2014 relatif aux obligations de services des enseignants. Il entre en vigueur le 01/09/2015 et abroge les fameux décrets de 1950.

Le I de l’article 2 recense les OBLIGATIONS de service corps par corps qui sont définies de manière HEBDOMADAIRES. Oui vous avez bien lu, cet article ne parle pas d’annualisation…
Le II de l'article 2 évoque les autres missions des personnels :
  • « II. - Les missions liées au service d'enseignement qui comprennent les travaux de préparation et les recherches personnelles nécessaires à la réalisation des heures d'enseignement, l'aide et le suivi du travail personnel des élèves, leur évaluation, le conseil aux élèves dans le choix de leur projet d'orientation en collaboration avec les personnels d'éducation et d'orientation, les relations avec les parents d'élèves, le travail au sein d'équipes pédagogiques constituées d'enseignants ayant en charge les mêmes classes ou groupes d'élèves ou exerçant dans le même champ disciplinaire. Dans ce cadre, ils peuvent être appelés à travailler en équipe pluriprofessionnelle associant les personnels de santé, sociaux, d'orientation et d'éducation ».
Là encore nulle annualisation…
L’article 3 ouvre la possibilité aux enseignants de bénéficier de décharges de service pour des missions spécifiques. Ces décharges existaient déjà mais n’étaient pas contenues dans les décrets de 1950. Il s’agit d’une simple « régularisation » et cet article permet surtout de reconnaître et de valoriser des tâches annexes.
L’article 4 réglemente les compléments de service. Le flou des décrets de 1950 sur le sujet est enfin supprimé ! Les PLP ne pourront compléter le leur que dans un autre Lycée Professionnel (tiens, ce point positif n’est pas souligné par le syndicat… Un oubli certainement…). Une heure de réduction de service sera accordée pour un complément dans un EPLE d’une commune différente ou dans 2 autres EPLE de la même ville.
Ce même article reprend la possibilité d’imposer une heure supplémentaire par semaine qui était contenue dans les décret de 1950.
L’article 6 reprend le dispositif dit « de première chaire » mais en modifie le calcul. Dorénavant TOUT enseignement en première et terminale est valorisé à 1,1. Donc une heure est comptabilisée 1 heure et 6 minutes réellement.
Ce qui signifie que pour bénéficier d’une heure d’allègement il faudra effectuer 10 heures (et plus 6 comme dans les anciens décrets de 1950). Scandaleux ?
Non car TOUT enseignant bénéficiera désormais du dispositif du moment où il enseigne en cycle terminal.
Le nouveau dispositif bénéficiera à DAVANTAGE de collègues même si chacun percevra un peu moins qu’avant. De plus, il tient mieux compte de la réalité : tout enseignement en cycle terminal sera dorénavant valorisé alors qu’auparavant il fallait y enseigner au moins 6 heures…
L’article 7 reprend la valorisation « BTS » à 1,25.
L’article 8 valorise toute heure en éducation prioritaire à 1,1. Ce qui signifie qu’un collègue effectuant 16,4 heures d’enseignement remplit ses obligations et donc que les 1,6 heures restantes pourront être consacrées aux temps de concertation ou de réunion. Ces tâches nécessaires dans les établissements difficiles seront donc dorénavant reconnues et surtout PAYÉES. Et il faudrait s’insurger contre cette mesure ?
L’article 9 reprend les heures dite de laboratoire pour les collègues de sciences physiques ou de SVT.
Le Sgen-CFDT a demandé à ce que les professeurs de technologie puissent bénéficier aux aussi de l’heure de laboratoire mais le Ministère a refusé.
L’article 10 abroge les décrets de 1950 sauf en  ce qui concerne les CPGE
L’article 11 fait différer l’application du décret à la rentrée 2015 sauf en ce qui concerne l’éducation prioritaire qui s’applique dès cette rentrée.

Pourquoi agiter ce chiffon rouge ? Pour des raisons ÉLECTORALES et parce que l’anxiété, la PEUR, l’angoisse et disons le la théorie du complot font « vendre ».

Pour le Sgen-CFDT, ce décret va au contraire dans le bon sens puisqu’il cite TOUTES les autres tâches qu’effectue en enseignant en dehors des cours et qu’implicitement celles-ci sont enfin reconnues.
  • Qui peut croire qu’aujourd’hui enseigner se limite aux cours et à leur préparation ?
  • Pourquoi vouloir à tout prix ressusciter un âge d’or qui n’a existé que parce que toute une partie des élèves était exclue du système « normal » ?
  • Est-ce cela qu’exige ce syndicat à cors et à cris ?
Pour le Sgen-CFDT, ce décret est INCOMPLET. S’il liste les autres tâches des enseignants, il ne les QUANTIFIE pas. Pour résumer, les collègues ont un temps de travail hebdomadaire défini de manière minimale mais AUCUN plafond n’est imposé !
Et c’est bien le problème ! Il faudrait un bornage hebdomadaire ET annuel (qui existe : 1607 heures…) avec quantification des diverses tâches regroupées au besoin en catégories.

Pour ne pas déclencher l’ire ou l’opposition de syndicats opposés à la définition de tout ce qui ne relève pas de l’enseignement proprement dit !
Résultat : des collègues fatigués par l’accumulation de tâches non reconnues et qui se sentent dévalorisés pour ne pas dire méprisés dans leurs fonctions. L’administration en porte une responsabilité partielle mais certaines organisations syndicales aussi par leur immobilisme. Si en plus elles mentent effrontément aux collègues par pur électoralisme…

Le Sgen-CFDT revendique l’évaluation de TOUTES les tâches des enseignants et leur reconnaissance.
Le Sgen-CFDT revendique des discussion SÉRIEUSES autour des conditions de travail que ce soit au niveau national, académique ou au niveau local.
Le Sgen-CFDT est pour la définition d’un statut moderne, qui soit en phase avec la réalité du métier de 2014 et pas celle de 1950…

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