vendredi 31 octobre 2014

Évaluation : le mot qui fâche ?

To be or not(e) to be ?

dessin désintox« La contemplation prolongée de la Joconde ne nous donne pas le talent de Vinci. »
Marcel Pagnol
Pour son premier grand oral devant la communauté éducative, mercredi dernier au CSE, la nouvelle Ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche a livré un discours plutôt consensuel pour essayer ne fâcher personne. Elle a toutefois, semble-t-il, posé ses lignes rouges sur deux sujets clivant au-delà du seul monde de l’éducation : les notes et le collège. Sur le second, elle a réaffirmé la nécessité du collège unique pourvu qu’il ne soit pas « uniforme ». Le Sgen-CFDT est heureux que soit réaffirmé ainsi le principe de l’école inclusive pour tous contre certains tenants d’un collège de la sélection et du tri.
Sur l’évaluation, et plus précisément les notes, la Ministre a clairement posé les limites du sujet en se défendant de tout « laxisme ». Ainsi elle répond à tous ceux qui pensent, contrairement au Sgen, que la note est le corollaire de l’excellence et que les autres modes d’évaluation sont les symptômes de la dégénérescence de notre société.
Il faut quand même faire un choix. On ne peut d’un côté se réclamer (peut-être plus souvent en paroles plus qu’en actes) d’une école du vivre ensemble et de l’autre prôner un système qui induit de la compétition plutôt que de l’émulation, de l’individualisme plutôt que de la coopération, du tri plutôt que de l’accompagnement.
Le problème n’est pas tant la note en elle-même ou pour elle-même, toute échelle de valeur porte en elle la possibilité d’un tri ou d’une dérive compétitive, mais le fait que d’une part on l’ait transformé en symbole de la toute-puissance du maître et de l’autre qu’elle soit la partie d’un tout qui est plus technocratique que pédagogique. Ainsi, cela a-t-il du sens, comme on l’entend justement dans les salles des profs ou de maitres, de laisser passer un élève dans le niveau supérieur parce que trois ou quatre matières en compensent autant d’autres ? On ne peut soutenir cet état de fait en s’arque-boutant sur la note, la moyenne et la moyenne de moyenne (qui fort heureusement a tendance à disparaître) et se plaindre de ce que les élèves trient, eux aussi, les matières selon leur goût.
Il s’agit donc de se sortir d’un système qui porte en lui les prémisses de son propre effondrement. Il s’agit aussi de s’avouer que, comme les programmes ou les horaires nationaux, la note n’a rien d’égalitaire. Là aussi on entend trop souvent les collègues se plaindre, à juste titre, d’être dépossédés de leur expertise et de leur notation par les systèmes de péréquation, de moyennes, d’écart type… S’accrocher aveuglément à la note telle qu’actuellement participe d’un fonctionnement que les mêmes dénoncent par ailleurs.
Pour le Sgen-CFDT, il est impératif de remplacer les notes par une évaluation de la progression des savoirs et des compétences que l’élève peut effectivement mobiliser. Cette évaluation peut et doit être cadrée nationalement tout en permettant aux équipes de créer dans leurs établissements les parcours des élèves (avec et pour les élèves) et les modalités de validation de l’acquisition des connaissances, compétences et différents types de savoir.
Pour le Sgen-CFDT, chez nombre de collègues, dans de nombreux établissements ou écoles, l’imagination est déjà au pouvoir, bien plus en avance que certains discours syndicaux ou « d’experts ». Le Sgen-CFDT continuera donc de se battre pour qu’il soit permis aux collègues d’essayer, d’expérimenter, d’innover.

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