vendredi 31 octobre 2014

Réforme du lycée : succès ou TRIPLE ECHEC ???

Lycées : le triple échec de la réforme Châtel

PUBLIÉ LE 23/10/2014 À 09H33par Frédéric Sève
Promis pour le printemps 2014, le bilan de la réforme Chatel des lycées généraux et technologiques est repoussé au premier semestre 2015. On peut toutefois, sans attendre, faire le constat d'un triple échec par rapport aux ambitions initiales.
infographie réforme ChâtelEn premier lieu, le lycée d'aujourd'hui, pas plus qu'avant, ne prépare correctement les élèves aux études supérieures.
D'abord parce qu'il a conservé son organisation en filières rigides, sans grande pertinence au regard de la diversité des parcours post-bac. Mais c'est surtout le renoncement à réformer le bac qui continue de peser sur les performances du lycée. On a maintenu la routine des épreuves disciplinaires, formatées comme une récapitulation de la pratique scolaire, alors qu'il faudrait valoriser par cet examen les qualités dont l'enseignement supérieur a besoin : l'autonomie, l'aptitude au travail collectif, les capacités d'apprentissage plus que les connaissances. En bref, on a conservé au baccalauréat sa forme de terminus scolaire quand il fallait construire un pont vers les études supérieures.
Si la réforme Chatel portait une ambition plus réelle en matière de gouvernance des établissements, celle-ci a également été vidée de sa substance. Certes, une marge de manœuvre a été accordée aux lycées dans la gestion de leurs moyens d'enseignement, mais elle a été très vite confisquée pour économiser les postes que l'on supprimait alors par milliers chaque année. Les dotations pour effectifs réduits, initialement accordées par division, ont ainsi été de plus en plus modulées avec les effectifs, en complète opposition avec l'intention initiale. Vidée de ses enjeux, l'autonomie des établissements reste encore largement théorique, d'autant que les instances n'ont pas été rénovées dans le sens d'une meilleure démocratie.
Enfin, la vraie innovation qu'était l'accompagnement personnalisé des élèves a été très souvent dévoyée dans son application. Alors qu'il aurait dû être un temps d'intervention pédagogique ciblant des besoins particuliers d'élèves, l'accompagnement a été créé sur le bon vieux modèle du cours disciplinaire face à une classe. Tout a été fait comme si tous les élèves avaient les mêmes besoins d'accompagnement, quoi qu'on dise par ailleurs sur l'hétérogénéité des publics, et surtout comme si l'accompagnement d'élèves pouvait être un « cours » d'accompagnement. Une incapacité à penser le métier enseignant autrement qui a sans doute satisfait les réacs, mais qui surtout rassurait les comptables publics en contingentant strictement le temps qu'on allait ainsi gaspiller à aider les élèves !

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