mardi 17 février 2015

Notation administrative : le retour de la grande tartuferie !!!

Désintox de la semaine : notation administrative

dessin désintox
« Un chef est un homme qui a besoin des autres. »
Paul Valéry

Après les fêtes et la galette des rois, vient la traditionnelle signature de la note administrative. L’avantage par rapport à la galette est qu’il n’y a aucun mystère sur qui sera le roi car on sait d’avance quel sera le petit coup de pouce pour ces étrennes de l’administration.

La notation administrative est un petit plaisir réservé aux personnels du second degré, comme une sorte de rite d’initiation sans cesse répété. On y évalue la manière de servir à travers trois pavés et un tweet de 200 caractères (l’inventeur aurait dû breveter son idée, cela aura considérablement amélioré l’état du budget du Ministère quand on voit la valorisation boursière de Twitter aujourd’hui) couronné par une note sur 40.

Les trois pavés sont assortis d’un commentaire simple de type bien, très bien, etc. Le premier est intitulé assiduité-ponctualité. C’est en quelque sorte le petit devoir facile que l’on donne aux élèves pour les mettre en confiance. Le second s’intéresse à l’autorité sans que celle-ci soit définie. S’agit-il d’une pesée des rapports et punitions émis par le prof ou au contraire de sa propension à ne pas faire de vagues ? Mystère. Le troisième concerne le rayonnement. On imagine sans peine que les profs d’italien ou d’espagnol ont l’avantage sur leurs collègues d’allemand et d’anglais mais que les premiers sont largement surpassés par les profs de physique.

Le commentaire en 200 caractères fait peut-être l’objet d’une session spéciale au cours de la formation des personnels de direction, voire d’une épreuve de concours. Il ne faut pas être dénué d’un certain talent pour résumer en 200 caractères la manière de servir d’un agent. Il y a ceux qui s’y essaient et il y a ceux qui préfèrent le re-tweet. Il n’est pas rare en effet que la même appréciation soit reconduite d’une année sur l’autre.

Enfin, la cerise sur la gâteau de la notation administrative c’est la note elle-même. Établie sur 40, elle commence en général au-dessus de 30 ce qui, de fait, limite assez fortement les marges de manœuvre. Mieux encore, la note fixée par le chef d’établissement doit respecter les contraintes d’une grille issue d’un algorithme que nous envient les pourtant richissimes et génialissimes (c’est ce qu’on dit) fondateurs de G….. et A….. Leurs meilleurs bouffeurs de code en cherchent encore la clé. En tous cas, cette grille a pour effet une uniformisation presque complète de la notation et rend cet outil pratiquement inutile pour valoriser qui que ce soit.

Le Sgen-CFDT revendique la disparition de la notation pour tous les personnels de l’Éducation nationale comme partout dans la Fonction publique. L’évaluation qui doit la remplacer ne doit pas être mise en œuvre sans une réflexion de fond sur ses objectifs, son rythme, son mode opératoire ; la personne et la formation des évaluateurs ; le rapport entre dimension individuelle et dimension collective, toutes les deux indispensables ; les moyens à mettre en œuvre (formation, remédiation…) pour que l’évaluation se traduise par l’amélioration tant du service public que du bien-être des personnels ; la possibilité pour les évalués de contester les résultats.

Pour le Sgen-CFDT, l’évaluation doit être totalement déconnectée de la carrière, qui doit se faire au même rythme pour tous sur des échelles indiciaires regroupant et supprimant tous les grades dont la différenciation ne repose pas sur une différenciation des fonctions. Enfin, le Sgen-CFDT revendique la suppression de l’inspection individuelle pour les enseignants.

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