mardi 17 février 2015

La grève du 3 février, pour quoi faire et le non appel du Sgen

Désintox de la semaine : veni, vidi… abii

dessin désintox« Il faut savoir terminer une grève »
 Maurice Thorez

L’auteur de ce billet avait préparé deux versions pour la première grève de la collection automne hiver 2015 du syndicat de moins en moins majoritaire.

La première version devait être une réaction à un mouvement d’ampleur au soir duquel le Président de la République lui-même aurait annoncé pêle-mêle le dégel du point d’indice, un rattrapage immédiat du retard accumulé ces 10 dernières années, la réduction immédiate du nombre d’élèves par classe (en interdisant aux 10 derniers inscrits de venir en classe), le rétablissement d’une véritable formation (le Président comme le syndicat de moins en moins majoritaire n’ayant pas encore eu le temps de définir ce qu’est une « véritable formation », nous n’en savons pas plus pour l’instant)…

Bien qu’il y ait comme à chaque mouvement entre 12 % de grévistes selon le Ministère et 68 % selon les organisateurs, c’est la deuxième version que vous lirez. Celle qui est une réaction à l’échec annoncée d’une journée de grève décidée par le seul syndicat de moins en moins majoritaire sur des mots d’ordre flous et trop nombreux dans un contexte non conflictuel puisque l’Éducation nationale est, en 2015, le premier budget de l’État (devant la dette) avec 88,07 milliards d’euros de dépenses prévues. Par ailleurs, des négociations sont en cours dans la fonction publique sur de nombreux sujets parmi lesquels les grilles indiciaires et les rémunérations.

Pourquoi une grève alors ? D’abord parce que c’est une habitude du syndicat de moins en moins majoritaire. L’appel à la grève est une fin en soi. On en viendrait presque à se demander si ce n’est pas l’indicateur le plus important dans leurs rapports d’activité. La question de savoir si des objectifs ont été atteints, si des résultats ont été obtenus pour les personnels ne se pose probablement pas. A quelques jours près, on pourrait anticiper le calendrier des grèves de la prochaine année scolaire : mardi 10 novembre, mardi 2 février, mardi 17 mai auxquels s’ajoutera peut-être un préavis déposé puis retiré pour le premier jour du bac. Pour les mots d’ordre, choisissez-en 3 ou 4 parmi les suivants : salaires, formation, reconnaissance, carrière, évaluation, statut (défense vigoureuse des nouveaux, aussi vigoureuse que l’était la défense des précédents)…

Cette obsession de l’appel à la grève n’est pas sans risque pour la profession (comprenez les morceaux de profession représentés par chacune des organisations corporatistes qui forment le grand tout dit unitaire) d’une part parce qu’à force de crier au loup, il est légitime de se demander si quiconque dans les palais de la rue de Grenelle s’intéresse vraiment aux taux de participation (12% pour le Ministère, 68% pour les organisateurs) et d’autre part parce que les personnels grévistes y engagent une part de leur salaire pour un gain dont le taux de probabilité doit être au plus égal à celui de l’Euromillions (1 chance sur 117 millions de remporter le gros lot).

Le droit de grève est un droit précieux dont il faut user avec discernement et non comme d’un outil de basse politique. Faire grève est un sacrifice pour les salariés qui y perdent une journée de salaire. À tout le moins, on attend des organisations syndicales qu’elles s’assurent de toutes les conditions de réussite avant d’impliquer les personnels. Le Sgen-CFDT continuera d’œuvrer pour les personnels par la négociation et par la promotion d’un dialogue social de proximité et de qualité.

UNE RÉFLEXION AU SUJET DE « DÉSINTOX DE LA SEMAINE : VENI, VIDI… ABII »

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