mardi 17 février 2015

Maternelle : réaction du Sgen aux nouveaux programmes

Programmes de maternelle : déclarations de la CFDT et du Sgen-CFDT au CSE

PUBLIÉ LE 05/02/2015 À 13H34par Joël Bonenfant et Annie Catelas
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(Conseil Supérieur de l'Éducation du 5 février 2015) : - déclaration de la CFDT (avec Sgen et Fep) sur la petite enfance ; - déclaration du Sgen-CFDT sur les programmes de l'école maternelle.
DÉCLARATION CFDT (CFDT, SGEN-CFDT ET FEP-CFDT) PROGRAMMES DE L'ÉCOLE MATERNELLE
Pour la CFDT, l'éducation est l'affaire de tous. Construire une société où chacun choisit son devenir, pleinement reconnu et épanoui dans l’exercice de ses responsabilités, est un objectif partagé. L'école porte la promesse d'émancipation des individus, de justice sociale et de lutte contre les inégalités. Pour la CFDT, le défi majeur auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est donc de conduire tous les jeunes à la réussite car le lien entre scolarité réussie, projet professionnel choisi et vie d'adulte citoyen est plus fort qu'il ne l'a jamais été. Il faut donc porter une attention très soutenue aux conditions de réussite des enfants et des jeunes en particulier des plus fragiles et ce dès le plus le jeune âge.
Aussi, parler de l'école maternelle, de ce que l'on doit y apprendre et vivre, implique de s'interroger plus largement sur la petite enfance. L’évolution des représentations et des pratiques modifie sensiblement la place réservée au « temps de la petite enfance ». Or, cette étape est primordiale pour permettre aux enfants de rentrer dans les apprentissages scolaires et pour réussir leur scolarité. C'est pour cette raison que la CFDT, avec ses fédérations de l’Éducation est signataire de l'Appel de Bobigny.
La petite enfance commence dès la naissance et, dès ce moment, une prise en charge doit être proposée aux familles. Il faut une approche globale des différents temps de l'enfant et de leur complémentarité qui doit permettre de mieux prendre en compte les besoins sociaux, et en particulier ceux des femmes qui travaillent. Pour la CFDT, différentes structures doivent co-exister entre les divers modes d’accueil et l’école maternelle, à condition qu’elles soient accessibles à tous (gratuites ou à des coûts fortement aidés selon les ressources), complémentaires, diversifiées pour répondre aux besoins des parents et en lien avec les politiques familiales.
Il s’agit d’un enjeu décisif pour la conciliation des « temps de vie », la lutte contre le temps partiel imposé et surtout dans le combat pour l’égalité professionnelle hommes/femmes. Notre projet syndical pour la petite enfance est fondé sur une réflexion à plusieurs entrées :
  • garantir un accueil de qualité aux jeunes enfants, y compris avant deux ans ;
  • faciliter les transitions vers l’école ;
  • faciliter l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle des parents ;
  • prévoir un soutien aux parents dès la naissance de leur enfant ;
  • tenir compte des conditions de travail des salariés de la petite enfance.

L'enfant qui rentre à l'école maternelle a donc une vie avant et en dehors de l'école. Il vit dans un environnement familial. Le développement de l'enfant est également influencé par le milieu social dans lequel il vit. Son accès à la culture, aux livres, aux arts est lié étroitement à ce milieu social.
Ainsi, pour garantir l'égalité des chances et la réussite de tous, l'école ne doit pas se résumer à mettre à disposition un savoir. Elle doit aussi permettre aux enfants qui ne bénéficient pas de l’ensemble des codes d'acquérir, dès l'école maternelle, les compétences nécessaires à l’apprentissage des savoirs de base et, en premier lieu, offrir à ceux qui en ont besoin une scolarisation précoce faisant une large place à l’acquisition du langage.
Cette scolarisation précoce est donc importante, surtout pour les enfants de familles défavorisées. Pour eux, elle est le premier maillon de la réussite scolaire parce que seul moyen d’accès précoce et gratuit à un accueil éducatif. Mais plus que l’âge d’entrée en maternelle, c’est la qualité de la transition entre les structures de la petite enfance (crèche, assistante maternelle ou autres) et l’école maternelle qui est importante pour la CFDT.
Une scolarisation de qualité des enfants de maternelle et en particulier des jeunes enfants de deux et trois ans nécessite de :
  • renforcer l’accueil en donnant aux enseignants les moyens en temps d’associer les parents à la vie de l’école, afin de réduire le décalage entre les objectifs fixés par les institutions et leur perception par les parents ;
  • assurer une transition en douceur, avec des passerelles entre les structures de la petite enfance et la maternelle.

L’école doit prendre en compte la diversité des publics qu'elle accueille. C’est cette démarche que la CFDT souhaite voir emprunter, pour rendre effectif le droit à l’éducation, en partant des besoins du des enfants et des jeunes, pour lui donner tout ce qui lui est utile pour réussir.

DÉCLARATION SGEN-CFDT
Pour le Sgen-CFDT, l'école maternelle est une école à part entière avec sa spécificité dont il faut tenir compte à la fois dans son organisation mais aussi dans ses programmes. Nous avions dénoncé les programmes de 2008 que sous-tendaient une idéologie, les rendant mécanistes dans l’apprentissage et simplistes dans l’acquisition des savoirs. En maternelle, cela s'est traduit par une place prépondérante prise par l'écrit qui a contraint des organisations et pratiques pédagogiques peu adaptées aux jeunes enfants en réduisant la place de la découverte, de la curiosité et de l'expérimentation.
Le Sgen-CFDT avait alors rappelé que les programmes devaient être « l’instrument d’une ouverture sur l’ensemble des domaines de la connaissance et de la sensibilité, pour permettre l’acquisition du socle commun ». Même si l'école maternelle ne relève pas de la scolarité obligatoire, le cycle auquel elle appartient s'inscrit bien dans l'objectif de la réussite de tous les élèves. C'est pourquoi nous regrettons qu'aucun passage des programmes ne rappelle ce principe en faisant référence explicitement au socle commun.
Le Sgen-CFDT se félicite que le projet pointe l'importance des transitions. Nous ne reviendrons pas sur l'importance des transitions avec les structures de la petite enfance sur lesquelles notre confédération a insisté dans sa déclaration. Mais les transitions sont aussi importantes avec les autres cycles de la scolarité, avec les familles et avec le péri-scolaire.
En effet, l'école maternelle, peut-être encore plus que les autres cycles de l'école, s'inscrit dans un territoire. Nous rejetons le : « Chacun chez soi et les enfants seront bien « gardés ». Le travail en partenariat est, pour nous, un gage de réussite dans la prise en compte globale des besoins de l'enfant. Nous faisons ici un insert sur la circulaire PEDT publiée le 2 janvier 2015 qui est un recul sur la nécessaire coopération entre tous les acteurs par rapport à celle de 2013.
Au niveau de l'école, il est indispensable de penser la continuité des apprentissages, l'articulation inter- cycles et des passerelles aux moments charnières (CP, 6ème). Nous déposerons un amendement sur ce point visant la continuité entre l'école maternelle et le cycle 2. Il faut également travailler ensemble de la maternelle au collège en particulier dans le cadre du conseil école collège avec l'apport des enseignants de maternelle notamment dans la liaison entre l'école et les familles.
Cette relation école-famille, basée sur une confiance réciproque, est d'autant plus importante dans les secteurs défavorisés pour lesquels l'école maternelle est le premier maillon de la réussite scolaire. Aussi, nous ne pouvons être que satisfaits que ce principe soit inscrit dans les programmes. Mais, pour cela, les programmes doivent être facilement accessibles et être un outil de dialogue avec les familles. Si le texte est adapté pour les professionnels que sont les enseignants, il sera beaucoup plus difficile d'en faire un outil de dialogue avec les familles. L'absence de référence au socle commun qui pourrait être utilisé pour engager ce dialogue pose donc aussi problème à ce niveau.
On ne peut pas d'un côté dire que l'école maternelle est une école à part entière et ne pas vouloir inscrire dans ses programmes la référence au socle commun. C'est pourquoi nous déposerons un amendement en ce sens. En effet, faire référence au socle ce n'est pas dire que dans les autres cycles de la scolarité obligatoire, on a à faire à un enfant ou à un jeune désincarné lorsqu'il devient un élève. Au contraire, c'est bien parce que l'école vise à former des citoyens que l'on doit affirmer à chacune de ses étapes que l'élève est d'abord un enfant ou un jeune membre de notre république. Les événements récents nous l'ont rappelé avec force.
Malgré ces remarques, nous ne voudrions pas donner l'impression que nous émettons un avis négatif sur ce projet. En effet, les finalités de l’école maternelle sont clairement affirmées : vivre ensemble en accueillant tous les enfants dans une logique d'inclusion, scolariser dans une école adaptée aux jeunes enfants en intégrant une progressivité des apprentissages, lutter contre les inégalités pour la réussite de tous... La vision curriculaire des programmes devrait permettre aux enseignants de retrouver ce qu'ils avaient perdu avec ceux de 2008 : une reconnaissance de leur professionnalité, un travail plus collectif, des marges d'autonomie dans l'élaboration de leurs projets...
Contrairement aux programmes de 2008, le projet privilégie une approche par domaines d'enseignement en fixant, pour chacun, des objectifs de fin du cycle : il redonne au langage oral, au jeu et aux manipulations, aux activités physiques, culturelles et artistiques une place essentielle dans les apprentissages. Cependant, en référence avec ce que nous avons dit juste avant, pourquoi avoir remplacer dans cette version « Objectifs de fin de cycle » par « Objectifs de l'école maternelle » ?
Pour le Sgen-CFDT, écrire dans les programmes que l'école maternelle doit être une école bienveillante qui valorise les progrès des enfants en donnant du temps pour apprendre plutôt que de stigmatiser les échecs va dans le sens d'une école de la confiance et de la réussite de tous. Cela suppose de faire évoluer effectivement l’évaluation, trop centrée actuellement sur l’écrit, au bénéfice d'un processus s'appuyant sur un « carnet de progrès » comme l'a proposé le CSP.
Enfin, pour le Sgen-CFDT la mise en œuvre de ces nouveaux programmes ne se fera pas du jour au lendemain surtout si l'on souhaite que la logique curriculaire devienne une réalité et pas un vœu pieux. C'est pourquoi le Sgen-CFDT demande un accompagnement des enseignants. Pour cela, il faut très rapidement mettre à disposition des documents d'accompagnement. Mais nous demandons aussi que des consignes soient données aux recteurs pour que les plans de formation départementaux qui vont être discutés prévoient des modules de formation conséquents.
Vote sur les programmes de maternelle : Pour 54, Contre 0, Abstentions 5

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