mercredi 28 mai 2014

Orientation :Ou est la défense de l’intérêt général et du service public d'orientation dans l'EN ?

Où est l'intérêt général ? Où est la défense du service public d'orientation de l'éducation nationale?

PUBLIÉ LE 17/05/2014 À 12H15par Albert Ritzenthaler
Info orientation (mai 2014).
L’an dernier le législateur, en accord avec le ministère, les régions et le Snes, a renoncé à intégrer les CIO dans le service public régional d’orientation (SPRO), alors que les personnels restaient éducation nationale sous l’autorité du recteur.
Cette solution potentielle pour financer les CIO n’est plus d’actualité au niveau national.
AUCUN FINANCEMENT PÉRENNE ET DÉCENT POUR LES CIO
Le ministère, dans une vision de l’orientation centrée sur l’École que soutient le Snes, a validé dans la nouvelle loi de formation professionnelle 2014 le repli des CIO et des COP sur les collèges et les lycées.
Dans le contexte actuel de restriction budgétaire et de désengagement des départements, ce recentrage sur les établissements risque d’entraîner de nombreuses fermetures de CIO et la misère assurée pour ceux qui vont survivre. Résultat :
• Il n’y a plus de solution nationale pour maintenir le financement des CIO. • Dans chaque académie, les personnels devront se mobiliser pour trouver des solutions avec les collectivités territoriales afin de sauver ce qui pourra l’être. Conclusion : ceux qui se sont cantonnés dans la posture protestataire de « l’État doit payer », portent une grande part de responsabilité dans cette situation.
LES CONSÉQUENCES SUR LE MÉTIER DE COP
L’académie de Rouen illustre très clairement ce danger. C’est bien la rectrice, représentant le ministre, qui cherche à fermer un maximum de CIO pour économiser du budget de fonctionnement et pour récupérer des postes d’administratifs, éventuellement de DCIO. Sinon comment expliquer qu’elle n’ait fait aucune démarche auprès des collectivités territoriales pourtant disposées à participer au financement, comme cela a été le cas dans le Val d’Oise par exemple ?
Si nous ne trouvons pas de solution nationale à ce problème de financement, les COP seront à terme en établissement comme le souhaite le syndicat majoritaire des chefs d’établissements. Que devient le travail d’équipe en CIO prôné dans la fiche n° 3 du GT ministériel de mars 2014 ? Que devient le travail avec les publics non scolaires et les décrocheurs ?
Quelles conséquences sur les conditions de travail des personnels : zone d’exercice en établissement, dilution des équipes, problème de frais de déplacement, difficultés à recevoir le public non scolaire... ? À terme, la réduction du nombre de CIO entraînera moins de service public, remplacé par des associations ou des officines privées.
Par ailleurs, que penser du fait que le Snes, au dernier GT ministériel du 13 mars, soit intervenu pour que le terme de conseil en orientation ne figure pas dans les missions des COP ?
LES CONSÉQUENCES EN TERME DE SERVICE PUBLIC
Où est la défense de l’intérêt général et du service public d’orientation de l’EN ?
Arrêtons de faire croire qu’il suffit de voter « contre » en comité technique académique (CTA) pour empêcher la fermeture des CIO. Les académies de Rouen et de Lyon en sont de tristes exemples. Ce vote négatif des syndicats oblige seulement le recteur à convoquer à nouveau un CTA où le projet rectoral passera ; le CTA n’est qu’une instance consultative.
Maintenir un réseau des CIO, digne de ce nom, passe maintenant par le cadrage national des conventions État/région, qui, pour le Sgen-CFDT, devra ouvrir la possibilité de contreparties financières à la participation des CIO au SPRO. C’est le seul financement envisageable pour garder un réseau de proximité de qualité.
Il nous faudra donc continuer à nous battre dans chaque académie pour convaincre les élus et le rectorat de maintenir le réseau des CIO comme service public d’orientation de l’EN ouvert sur notre environnement économique et social.
Les positions portées par le Sgen-CFDT lors des prochains groupes de travail ministériels :
LA MASTÉRISATION DE LA FORMATION DES COP
Le Sgen-CFDT demande un alignement du recrutement des COP sur celui des enseignants en fin de master 1 avec une année de formation.
Pour les contractuels recrutés ayant exercé plusieurs années, le Sgen-CFDT demande la prise en compte de leur expérience professionnelle pour un allégement de formation dans le cadre de la VAE ou de la commission d’équivalence universitaire.
Vu le pourcentage très élevé de contractuels dans notre corps (entre 5 et 25 % selon les académies), le Sgen-CFDT demande que le nombre de postes au concours interne soit augmenté pour arriver à une titularisation totale de 300 COP par an sur l’ensemble des concours afin de résorber la précarité et de compenser les départs en retraite.
UNE VÉRITABLE HORS CLASSE DIFFÉRENCIÉE DE L’ACCÈS AU GRADE DE DCIO
Le Sgen-CFDT défend un 12e et un 13e échelon pour tous dans l’EN. Mais si cette revendication n’aboutit pas, il continue à revendiquer qu’une véritable hors classe soit mise en place pour les COP ; même si généralement, elle ne concerne que de 10 à 30 % maximum des personnels.
UN NOUVEAU STATUT POUR LES DCIO
Au vu de l’évolution des fonctions des directeurs de CIO et de l’augmentation de leurs charges de travail (animation locale des plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs, partenariat dans le cadre du SPRO, organisation de forums ou de salons...), un nouveau statut est indispensable pour reconnaître ces nouvelles fonctions.
Seul ce nouveau statut permettra d’obtenir la hors classe pour les COP car le ministère a toujours prétendu que la hors classe des COP était le grade de DCIO ; alors que les fonctions de DCIO sont de plus en plus différentes de celles de COP. Pour aucun autre corps l’accès à la hors classe n’implique un changement de métier.
ENFIN, QUE PENSER DE LA CRÉATION D’UN CORPS UNIQUE DE « PSYCHOLOGUE DE L’ÉDUCATION NATIONALE » ?
Cette revendication, portée par d’autres organisations syndicales, pose plus de questions qu’elle n’offre de perspectives pour les conseillers d’orientation-psychologues qui ont déjà le titre de psychologues.
Tous les membres de ce corps unique auront-ils les mêmes missions ? Dans ce cas, les psychologues scolaires feront-ils du conseil en orientation ? Ou est-ce la porte ouverte à la scission entre psychologues de l’Éducation nationale qui travaillent uniquement pour l’adaptation des élèves au système éducatif (bilan, élèves en difficulté...) et le conseil en orientation ? Le Sgen-CFDT n’est pas demandeur d’un corps unique de psychologues de l’EN mais il défendra le conseil en orientation comme étant au cœur du métier de conseiller d’orientation-psychologue.

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