dimanche 4 mai 2014

Programmes scolaires : contre le gavage des élèves !!!

Désintox de la semaine : contre le gavage des élèves !

« Que nous sert-il d’avoir la panse pleine de viande, si elle ne se digère, si elle ne se transforme en nous ? »
Montaigne (Les Essais, Livre I – 1595)
Chaque année, à quelques semaines des vacances d’été, les salles des profs ou les salles des maîtres sont saisies d’un vertige : sera-t-il possible de finir les programmes, voire de les faire acquérir aux élèves ?
Il s’agit en effet d’une question fondamentale dans le fonctionnement du système scolaire tant elle impacte les pratiques des enseignants et leurs conditions de travail. L’ex ministre Vincent Peillon a d’ailleurs mis en place un Conseil supérieur des programmes qui a édicté tout récemment une Charte des programmes pour redéfinir la méthodologie de leur construction.
De l’aveu même d’une majorité d’enseignants, les programmes sont trop lourds, trop longs, infaisables. Pire encore, ils sont pour les personnels une source majeure de stress et d’anxiété puisque l’institution impose à ses agents d’atteindre des objectifs inatteignables. Nous sommes là aux limites de la maltraitance.
Il y a une contradiction forte entre cette réalité et les revendications de certains syndicats et associations professionnelles qui ne cessent de revendiquer des programmes exigeants pour les élèves, plus d’heures pour chacune des disciplines. Prises bout à bout ces revendications portées pour satisfaire telle ou telle discipline, telle ou telle série, auraient pour effet de donner aux élèves des semaines de 70 heures et des connaissances dignes de Pic de la Mirandole.
De tels programmes ne servent qu’à satisfaire ceux qui les défendent au détriment d’un côté des élèves que l’on place en face d’une montagne infranchissable, de l’autre des collègues qui ont l’impression de ne pas pouvoir correctement faire leur travail.
Non, l’élève n’est pas une oie que l’on gave pour le prestige de son éleveur.
Pour le Sgen-CFDT, il faut abandonner les programmes encyclopédiques qui n’ont pas de sens à l’heure d’un monde connecté où la connaissance est partout, tout le temps. Il faut repenser la progression des apprentissages et la validation des acquis des élèves de la maternelle à l’université en intégrant les enseignements dans une logique curriculaire qui pourrait être celle du socle commun pour la scolarité obligatoire. Ainsi il faut redéfinir, en fonction du socle commun, des objectifs d’acquisition de connaissances et de compétences cohérents et capitalisables, en lieu et place des programmes annuels disciplinaires. Cela conduit à des rythmes de progression différenciés, nécessaires pour respecter la qualité de ce qui est enseigné, s’attacher à ce qu’apprennent réellement les élèves, définir les progressions pédagogiques à partir des acquisitions des élèves et ne plus imposer aux enseignants de survoler les notions pour satisfaire un programme inadapté.

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