dimanche 14 avril 2013

CFDT et CGT : des frères ennemis syndicaux

CFDT et CGT : des frères ennemis syndicaux
Les choses sont maintenant claires. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a clairement acté la rupture avec la CGT. Les deux organisations ne défileront pas ensemble lors du 1er Mai., alors que cela avait été le cas lors des dernières années.
Il y a les raisons immédiates, les attaques très dures contre la CFDT lors du dernier congrès de la CGT, ou le drapeau CFDT brûlé à Lille. Comme le dit Laurent Berger, "Nos militants ne veulent pas se faire insulter une semaine et aller manifester avec la CGT une autre semaine".
Il y a aussi les raisons plus profondes. D'une part, la nécessité d'avoir un front uni contre une succession de gouvernements de droite en général éloignés des valeurs défendues par les syndicats, obligeait à l'action commune et à la mise sous le boisseau des divergences. Cet épisode est terminé, et les différences profondes de conception syndicale entre les deux organisations peuvent s'exprimer. La CFDT veut travailler, veut avancer, veut amener des progrès aux salariés et aux chômeurs. La CGT, malgré ses discours, se complaît dans un syndicalisme de posture, le refus de toute évolution, pour essentiellement préserver son unité. Laurent Berger le résume, "un désaccord entre deux types de syndicalisme, un syndicalisme qui prend ses responsabilités dans une situation extrêmement compliquée et un syndicalisme qui considère que c'est à l'Etat de faire à sa place".
D'autre part, les militants de 'la gauche de la gauche", menés par le Front de Gauche, embrigadent dans leur combat contre le gouvernement actuel un certain nombre de forces syndicales, dont la CGT. Les attaques sont actuellement très dures contre le gouvernement, accusé maintenant d'appliquer une copie de la politique de Nicolas Sarkozy. Le vocabulaire est outré, le discours intolérant, la manoeuvre de déstabilisation évidente et suicidaire pour la gauche. La CFDT ne se sent associé à aucun parti et juge la politique du gouvernement à ses actes, dans un contexte donné. Elle refuse de prêter son influence à des actions purement partisanes. A la CGT, le lien avec le parti communiste, même s'il est distendu, est encore largement opérant.
Pour ces raisons profondes, la rupture était prévisible. Chaque confédération défilera seule. Gageons cependant que les tensions s'apaiseront ensuite, car les deux centrales sont chacune légitimes dans le monde professionnel, et elles sont donc condamnées à s'entendre.

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