mercredi 19 novembre 2014

Quels changements dans notre Educ Nat ?

HUMEUR / reprise d'un point d'actualité de Normandie
La grande pauvreté progresse en France. Elle touche de plus en plus de familles et donc d’enfants. C’est un mouvement de fond, conséquence de l’incapacité des gouvernements des dernières décennies à lutter structurellement contre le chômage. Avec les conséquences que l’on sait : montée de l’extrême-droite, remise en cause du pacte social et donc de la démocratie.

Lutter contre la pauvreté, c’est lutter contre le chômage. C’est permettre à l’économie de créer des emplois. Le Pacte de responsabilité, qui va (enfin !) entrer en vigueur en janvier prochain est un élément essentiel de l’action gouvernementale dans ce domaine. Il est soutenu par la CFDT. Il faudra cependant au gouvernement plus de courage qu’actuellement pour obtenir du patronat les contreparties promises. Il est vrai que la faiblesse politique dans laquelle il est maintenu par les « frondeurs » ou autres éléphants qui pensent d’abord à leur carrière ne peut guère l’aider !

Ce n’est pas non plus la personnalité, ou plutôt l’image, de François Hollande qui aidera le gouvernement. Si la direction donnée est sans doute la bonne, les réformes mettent du temps à produire leurs effets. Et il faut maintenant compter avec une opinion publique qui pendant dix ans a été « droguée » par Nicolas Sarkozy à l’effet d’annonce, à l’agitation médiatique qui faisait figure de ligne politique. Certes il ne se passait pas grand-chose de constructif dans les faits, mais les commentateurs pouvaient commenter. Et là, ils s’ennuient, et l’image qu’ils commentent est paradoxalement celle de l’immobilisme.

Et pourtant, si l’on prend le domaine de l’Education nationale, les changements se construisent chaque jour un peu plus. Le Parlement est en train de voter presque 10 000 créations de postespour l’année prochaine ; qui cette fois-ci se verront sans doute plus facilement, car elles ne seront plus absorbées par les décharges données à la formation initiale des nouveaux enseignants. La nouvelle éducation prioritaire dispose de vrais moyens, et on peut espérer que le pacte républicain porté par l’Ecole, donner une chance à chacun, puisse être reconstruit. Les nouveaux rythmes sont entrés en application dans le primaire. Les contractuels ont obtenu ces dernières semaines une nette amélioration de leur statut. Le Socle commun, l’évaluation bienveillante, le nouveau statut des enseignants du Second degré, celui des CPE, la reconnaissance de la MLDS, la revalorisation des catégories C, la (re-)création d’une formation initiale des enseignants  … Beaucoup de « petites » choses, mais ces années resteront sans doute comme une période de grands changements dans l’histoire de notre Grande Maison.

Tout n’est cependant pas parfait. L’annonce par François Hollande d’une tablette pour tous les élèves de 5ème à la rentrée 2016 suscite beaucoup de questions. Certes, la tablette c’est ce qui se rapproche le plus des smartphones que presque tous les élèves utilisent, mais en dehors même du coût d’achat et de gestion, il y a des inquiétudes sur l’intérêt du support choisi : les tablettes sont un outil de consultation, pas de création ; avec en plus une interopérabilité faible et des contenus éducatifs plus limités et plus chers que sur les PC. Sans compter que les enseignants vont devoir se former à toute vitesse : en un an et demi ! Nous verrons demain si le rectorat a déjà prévu un large plan de formation continue sur ce sujet !
L’annonce d’un enseignement du codage informatique est sans doute plus constructive à long terme.

Enfin, l’actualité, ce sont aussi les 50 ans de la CFDT. Une CFDT qui progresse, en nombre d’adhérents, en voix dans les élections professionnelles diverses, en crédibilité face à une CGT qui s’est ringardisée. Une CFDT qui voit une partie de ses conceptions mises en application par le pouvoir actuel, et pas seulement dans l’Education. Une CFDT qui donc se retrouve dans une situation peu habituelle dans l’Histoire syndicale de la France contemporaine : une mise à l’épreuve de ses revendications que ses adhérents ont voulues crédibles, réalistes et efficaces. C’est à la fois courageux et insécurisant, car il est plus facile de pointer les problèmes que de construire. Il faudra cependant être capables collectivement assumer les inévitables recadrages après l’épreuve de la réalité.


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