mercredi 19 novembre 2014

LES DIPLÔMES DANS L'EN : réflexion sur le DNB en particulier

Il est frais mon poisson !

dessin désintox
« Les diplômes représentent un obstacle à la liberté de l’éducation. »
Ivan Illich

Une société privée de soutien scolaire, dont nous tairons le nom, a publié récemment un palmarès des collèges privés et publics. Nous ne reviendrons pas sur la manie des classements manichéens entre bons et mauvais dont nous avons déjà dénoncé l’absurdité.

Le marché des classements des lycées étant déjà occupé par ces grands magazines d’opinions que sont l’Express, le Nouvel Observateur ou le Point, cette société est allée s’installer sur un secteur non encore couvert : les collèges. Comme quoi, les mauvaises idées ont la vie dure. Le seul inconvénient de ce choix, c’est que le taux de réussite au brevet des collèges n’est pas un indicateur pertinent pour hiérarchiser les collèges puisqu’il est plutôt élevé partout. D’aucuns en profiteraient pour dénoncer un diplôme bradé. Quelle trouvaille géniale ont donc sorti de leur chapeau les spécialistes en marketing de ladite société ? Ils ont choisi comme indicateur le nombre de mentions (pour mémoire, une « innovation » signée De Robin en 2006) dont il est permis de douter du sens dans un diplôme parfaitement inutile puisqu’il n’empêche pas, heureusement, la poursuite d’études et qu’il est plutôt bancal.

En effet, si l’on passe outre les arguments mystiques sur le rite de passage, le symbole ou l’âge d’or du certificat d’études (sujets que nous avons abordé dans le billet intitulé « Le syndrome de l’île de Pâques »), on peut essayer de regarder un peu plus en détail ce qu’est le DNB. C’est un diplôme un peu bâtard pour lequel seules trois disciplines ont une place d’honneur avec leur épreuve terminale, les autres sont prises en compte à travers le contrôle continu alors que l’histoire des arts a été ajoutée en 2010 et que la note de vie scolaire a été supprimée en 2014 après 8 ans d’existence, l’évaluation du niveau A2 dans une langue vivante est requise et la validation du palier 3 du socle commun est nécessaire à la délivrance du diplôme. Le DNB, c’est un peu une version hallucinée de la Sagrada Familia, un work in progress ouvert aux quatre vents auquel tel ou tel ministre ou tel ou tel lobby ajoute sa touche personnelle. Gaudi lui au moins avait une vision.

Le Sgen-CFDT ne se voile pas la face sur les défauts de ce diplôme, défauts qui sont aussi la conséquence de l’abandon dans lequel verse le collège. Si un certain nombre de changements nécessaires ont été amorcés au niveau de l’école primaire, il est plus qu’urgent de réinventer le collège unique et d’interroger nos diplômes-monuments nationaux car ce sont bien eux, placés en bout de ligne de la scolarité obligatoire et de la scolarité secondaire qui déterminent le fonctionnement et l’organisation des années qui précédent. Ainsi, point de parcours déterminé par les élèves eux-mêmes mais une ligne droite avec un terminus connu, plutôt qu’un point de passage (en particulier pour le bac).

Il faut ouvrir le débat sur l’existence de ces diplômes indépendamment des oukases des syndicats pseudo-révolutionnaires et crypto-conservateurs. Car, enfin, les mêmes qui dénoncent une logique capitaliste à l’œuvre dans le socle commun sont aussi les ardents défenseurs du brevet et du bac nationaux, diplômes créateurs d’une ultra-compétitivité entre élèves et entre établissements en plus d’être des outils de sélection socio-économique au détriment des classes défavorisées.

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