dimanche 1 juin 2014

Désintox de la semaine :le socle commun en question

Désintox de la semaine : ne pas mettre le socle avant les bœufs

« La véritable liberté est indissociable de la protection des plus faibles. »
Albert Jacquard
La semaine passée, le Conseil Supérieur des Programmes a dévoilé aux syndicats ses premières propositions de réécriture du socle commun de compétences, de connaissances et de culture.
À cette occasion, l’artillerie lourde a été ressortie : le socle commun est le cheval de Troie du néo-libéralisme dans l’École républicaine (comme Pisa, comme la bivalence – les PLP et les profs d’histoire géo, physique chimie, lettres classiques apprécieront au passage, comme l’annualisation).
Qu’a donc fait ce malheureux socle depuis sa naissance pour s’attirer les foudres des partisans de l’égalitarisme à tous crins ? Entre autres choses, ses différents rédacteurs n’ont jamais voulu assumer le choix des compétences et ont toujours louvoyé entre des visions incompatibles. Ainsi le Sgen-CFDT n’est toujours pas satisfait du socle qui est proposé.
Le socle serait néolibéral semble-t-il pour deux raisons : d’une part parce qu’il individualise, d’autre part parce qu’il ne met pas la Culture devant les connaissances et pire encore devant les compétences.
L’esprit du socle commun selon le Sgen-CFDT devrait être à la fois d’individualisation du parcours de l’élève et d’exigence commune pour la scolarité obligatoire. On peut crier à la rupture de l’égalité mais c’est fermer les yeux sur des programmes qui n’ont d’égalitaire que leur ambition puisque régulièrement reconnus par la profession (selon les années, les disciplines et les séries) comme infaisables et source de stress. Est-ce néolibéral que de s’intéresser au parcours potentiel d’un élève plutôt que de le laisser vivoter dans une classe où le programme est à l’éducation ce que les marchés sont à l’économie ? Pour le Sgen-CFDT, ce n’est pas parce que le socle s’appelle socle que cela signifie diminution des exigences. Il s’agit plutôt d’exigences différentes qui ne seraient plus fondées uniquement sur les connaissances mais sur un ensemble permettant d’affronter la vie d’adulte en citoyen-ne émancipé-e.
C’est là l’autre grande critique qui accompagne le socle commun depuis sa création. Il serait néolibéral parce qu’il ne servirait qu’à fournir de la chair à travail au patronat. Comment ? En rabaissant les exigences culturelles (comprendre l’étendue des programmes disciplinaires académiques) et en mettant en avant des compétences qui permettraient aux patrons de sélectionner des ouvriers dociles et malléables. C’est vrai qu’un système, non pas des enseignants mais un système, qui laisse sur le bord de la route 150000 jeunes par an, sans formation, sans diplôme, donc a priori corvéables à merci a fait la preuve de son efficacité.
L’ambition du socle commun est d’assurer à chacun les connaissances et compétences fondamentales indispensables au XXIe siècle pour comprendre le monde, savoir porter sur lui un regard critique, agir dans sa vie personnelle, sociale, professionnelle, se former tout au long de sa vie. Pour atteindre cette ambition, la seule réécriture, aussi bonne pourrait-elle être, du socle commun ne suffit pas. Le collège doit faire l’objet de profonds changements pour cesser d’être un terminus scolaire pour de trop nombreux jeunes et un lieu de souffrance tant pour les élèves que pour les personnels.


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