lundi 16 juin 2014

Désintox de la semaine : collège unique, élève unique ?

Désintox de la semaine : pour un collège 1-clusif !

Série desintox« Ma conception de l’universel est celle d’un universel riche de tout le particulier, riche de tous les particuliers, approfondissement et coexistence de tous les particuliers. »
Aimé Césaire
Ce qui a fait la preuve de son échec, ce n’est pas le collège unique, c’est la croyance en une sorte d’élève unique qui serait sérieux, scolaire, travailleur, assidu, actif à l’oral etc… Nous partageons tous le constat que ce n’est pas le cas.
À partir de là, deux visions s’opposent : le dispositif contre la structure ou pour le dire plus crûment l’inclusion (hissée au rang d’obligation du service public d’éducation par la Loi de refondation de l’Ecole) contre la ségrégation. La première option tend à vouloir garder tous les élèves ensemble en offrant, au besoin, l’accompagnement nécessaire à une progression vers la réussite quand la seconde option préfère sortir l’élève de la classe pour le placer, avec d’autres élèves aux difficultés similaires (dans le meilleur des cas) dans un groupe parallèle (quand bien même ce groupe se trouve dans un collège, les voies parallèles ne se croisent jamais, c’est géométrique).
On peut arguer que la seule solution pour favoriser la réussite des élèves c’est, entre autres, des effectifs plus faibles, rien ne dit que dans une classe de 15 élèves, il sera plus facile de faire de la différenciation pédagogique pour 3, 4, 5 élèves ou plus si l’on considère que chaque élève est différent.
On peut aussi s’interroger sur des modifications à apporter au système et au fonctionnement du collège pour le rendre plus juste, ou à tout le moins essayer à grande échelle un autre système que l’actuel qui fait l’objet des critiques d’un bon nombre d’acteurs qui reconnaissent le collège comme le lieu de souffrance principal des élèves et des personnels.
Ainsi si l’une des difficultés principales des élèves de collège est la défaillance dans les savoirs de base, pourquoi ne pas utiliser plus largement les compétences des professeurs des écoles spécialisés ? Ceux-ci, en plus d’être polyvalents sont formés à différents types de difficultés scolaires. Pour ne pas brusquer les âmes sensibles, nous éviterons d’évoquer l’opportunité de former tous les enseignants à la difficulté scolaire dès le début de carrière afin que nous soyons non des spécialistes académiques d’une discipline (à notre corps défendant, nous n’en sommes pas responsables) mais bien des spécialistes de la lutte contre l’échec scolaire, ce que nous sommes encore insuffisamment.
Il est urgent également d’inverser le sens de la contrainte. Actuellement, nous, enseignants, sommes contraints de faire rentrer dans nos élèves des programmes souvent infaisables et par conséquent sources de stress. La pression scolaire sur les épaules des élèves n’est pas une vieille lune pédago mais une réalité, peut-être souvent invisible ou masquée par d’autres difficultés. Elle vient d’un système qui classe, trie et sélectionne sans autre forme de valorisation.
Le Sgen-CFDT plaide pour que la progression et la réussite des élèves soient évaluées sur un champ plus large que les seuls savoirs disciplinaires : compétences, savoir-être, savoir-faire qui permettent à tous les élèves de faire valoir leur capacité à réussir.
Changer de paradigme en matière de contenu et d’évaluation des enseignements, à travers le socle commun notamment, participe d’une transformation du collègue dit unique en un collège inclusif.

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