mardi 2 juin 2015

Réforme du collège : l'Ecole sujet de préoccupation majeure de la société francaise

Désintox de la semaine : voir Naples et mourir…

dessin désintox
“J’ai peur du passé, du présent, du futur, du passé simple et du plus-que-parfait du subjonctif.”
Georges Wolinski


Un décret et un arrêté, 9 pages au total, quelques milliers de caractères (espaces compris) constituent la substantifique moelle de la réforme du collège et ont engendré un nombre exponentiel de commentaires, tracts, pétitions, appels, collectifs, interviews, débats, prises de becs, clashes, argumentaires, intox, désintox,FAQ, communiqués… Preuve s’il en était besoin que l’École est un sujet de préoccupation majeure de la société française (et notamment de ses hommes et femmes politiques de tous bords prompts à toutes sortes de récupérations plus ou moins bienvenues et fondées).

Au détour de toute cette production, on en oublierait presque qu’il y a un avant et un après le collège. On entend par exemple que rien ne sert de réformer le collège tant qu’on n’aura pas résolu le problème de la maîtrise des bases, problème, entendons-nous bien, qui repose sur les épaules des professeurs des écoles. Puisque ce qui est important ce sont les bases, il faudrait consacrer davantage de moyens à leur enseignement et à leur acquisition. Si on évacue le détail de ce que sont les bases (lire, écrire, compter d’accord mais d’aucuns voudront y voir ajouter des activités physiques et sportives, de la pratique artistique, puis une langue étrangère ou encore du numérique, du droit, de la philosophie… et tout cela, finalement, à juste titre), il faudrait encore se mettre d’accord sur comment utiliser les moyens…

Il semble ressortir de tout ce que l’on lit ou entend sur la réforme du collège qu’il n’y a rien après le collège, comme si les élèves en avaient fini avec l’école au terme de leur année de troisième. Tout d’abord prenons acte que la fin de la scolarité obligatoire ne coïncide pas avec la fin du collège mais avec la première année post collège. Ensuite, scolarité obligatoire ne signifie pas scolarité absolue. On a l’impression, et la même impression ressortait des débats sur le socle commun, que les élèves devraient avoir tout vu et tout appris à la sortie du collège. Comme si le socle était un plafond et non la base permettant de poursuivre la construction de l’élève, de l’étudiant, du citoyen. C’est à se demander à quoi peuvent bien servir les lycées, les CFA et tous les autres lieux de poursuite d’études.

Ainsi si le collège est l’oméga de la scolarité de nos têtes boutonneuses blondes, brunes ou rousses à crête ou à frange, il serait logique de donner le plus possible à tout le monde. Mais de la même façon puisque le collège permet d’achever la construction du socle commencée à l’école primaire, il nous semble logique de ne pas donner aux établissements et aux familles au niveau du collège les outils pour faire jouer la concurrence. Notons qu’à l’école primaire où les possibilités de créer de la concurrence sont réduites du fait d’une relative homogénéité pédagogique (les options n’existent quasiment pas à l’école primaire), le ratio entre élèves scolarisés dans le privé et le public est de 6,5. Au collège, où la concurrence joue déjà à plein en surfant sur de nombreux dispositifs d’excellence fréquentés par 15% tout au plus des élèves, ce ratio tombe à 3,6 (chiffres DEPP de la rentrée 2013). N’oublions pas enfin que le collège n’est qu’une étape de ce que l’on appelle aujourd’hui la formation tout au long de la vie.

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