dimanche 29 décembre 2013

Décrochage scolaire : Echec de l'école....

Le décrochage scolaire 

PUBLIÉ LE 19/11/2013 À 12H43par Marie-Solange Guiard
Quelle est l'ampleur du phénomène ? - Le décrochage scolaire est un processus continu et cumulatif - L'exclusion scolaire conduit bien souvent à l'exclusion sociale et réciproquement - Ainsi le décrochage n'est pas une simple conséquence inévitable de tout système éducatif qui demanderait un simple traitement individuel - Prévenir, lutter contre le décrochage scolaire en améliorant le fonctionnement du système éducatif - Quels liens entretiennent illettrisme et décrochage scolaire ?
quelle est l'ampleur du phénomène ?

Difficile de s'y retrouver devant des chiffres contradictoires. Nous pouvons distinguer 3 façons de compter dans un effort de clarification.

En s'appuyant sur la définition du décrochage scolaire par l'E.N :
le processus qui conduit un jeune en formation initiale à se détacher du système de formation jusqu'à le quitter avant d'avoir obtenu un diplôme ;
Au regard de cette définition ce sont 120 000 jeunes qui sortent en moyenne du système éducatif sans diplôme ou avec le seul brevet soit 17 à 18% des 700 000 sortants/an sur les années 2007-8-9.

Si maintenant on regarde les sortants sans qualification ( INSEEE, CEREQ)
c-à-d qu'on déduit des 120 000 jeunes ceux qui sont allés jusqu'en dernière année d'obtention d'un diplôme professionnel ou général ce sont alors 40 000 jeunes qui sont concernés en 2009 soit 6 % du total des sortants de formation initiale. Ici sont considérés comme qualifiés ceux qui ont suivi la classe terminale même s'ils n'ont pas obtenu de diplôme.

Enfin, on parle aussi de sorties précoces.
C'est l'indicateur utilisé par l'Union Européenne. C'est la proportion des 18-24 ans qui n'ont ni bac, ni BEP ou CAP et qui n'ont pas suivi de formation dans le mois qui précède l'enquête. En France ils sont 12,2 % en 2009 et 12, 6% en 2010 pour une moyenne UE de 14 %

le décrochage scolaire est un processus continu et cumulatif

Les difficultés des élèves qui vont devenir décrocheurs apparaissent souvent dès la maternelle et les jeunes finissent par quitter réellement le système au moment du lycée. L’absentéisme est le principal indicateur du décrochage. Au final c'est, pour la plupart, la totalité du parcours scolaire des jeunes décrocheurs qui est frappée d'échecs et de souffrances dont ils se souviendront toute leur vie et qu'ils reproduiront peut-être avec leurs enfants.

L'exclusion scolaire conduit bien souvent à l'exclusion sociale et réciproquement.

Selon l'enquête PISA 2009 et les résultats de l'enquête PISA 2012 qui vont paraître en décembre sont encore plus alarmants nous a averti Vincent Peillon
La France est l’un des pays où le milieu social exerce la plus grande influence sur le niveau scolaire des élèves. Ainsi l'impact du milieu social sur le score en lecture est de 51 % alors qu'en Espagne il n'est que de 29 %Des pays très différents ont les meilleurs résultats : de l’Espagne au Portugal en passant par le Canada ou la Finlande.
De même 84 % des élèves des sections pour jeunes en difficulté au collège sont issus des catégories sociales défavorisées selon les chiffres Education nationale 2009

Ainsi le décrochage n'est pas une simple conséquence inévitable de tout système éducatif qui demanderait un simple traitement individuel,

le phénomène est trop massif pour n'être que l'addition des mesures individuelles. Il est la version ultime de l'échec scolaire pour les jeunes Il touche bien évidemment les jeunes concernés, frappés dans leur estime de soi, mais aussi leurs familles qui éprouvent honte et humiliation, leurs enseignants qui sont porteurs eux mêmes d'un sentiment d'échec et d'absurde.
Les causes du décrochage sont multifactorielles à la fois de l'ordre de l'individu :difficultés psychologiques, familiales, mais aussi de l’ordre de l’économique et du social sans oublier le rôle déterminant de l'institution scolaire.

Prévenir, lutter contre le décrochage scolaire en améliorant le fonctionnement du système éducatif

L’échec scolaire c'est aussi l'échec de l'Ecole
et d'ailleurs c'est bien la raison de la loi de refondation de l'Ecole dont l''objectif est de s'attaquer au dysfonctionnement de l'Ecole pour lui donner des bases nouvelles.

le Sgen-CFDT défend depuis toujours une autre vision du système éducatif. Il est porteur d' un projet pour l'Ecole. Notre système éducatif est devenu au fil des ans inadapté à sa mission de réussite scolaire et d'égalisation des chances. Sa structuration trop rigide, trop cloisonnée, hiérarchisée, engendre souvent échec et décrochage. IL nous faut tendre progressivement vers la construction de parcours personnalisés qui pourraient intégrer la difficulté, l'échec comme une étape dans l'apprentissage, vers une École qui considère que chaque jeune est dans un processus de construction de son parcours et mérite d'être accompagné dans ce processus par une équipe qui travaille ensemble et non par des spécialistes qui se succèdent...
Prévenir le décrochage c'est aussi donner le choix d'orientation aux familles, c'est accompagner, tutorer, promouvoir l'innovation pédagogique, nouer une vraie relation avec les familles, sécuriser les transitions qui peuvent être source de rupture pour des enfants fragilisés...Autant de chantiers qui commencent à s'ouvrir mais qui vont demander du temps, beaucoup de temps et d'efforts pour aboutir à un changement palpable.

Quels liens entretiennent illettrisme et décrochage scolaire ?

attention, il peut y avoir illettrisme sans décrochage et décrochage sans illettrisme.
Mais il y a des situations où les deux se recoupent Dans ces cas-là, l'illettrisme peut être tantôt unecause tantôt une conséquence du décrochage.
Cause du décrochage lorsque l'enfant puis le jeune maîtrisant peu ou mal les compétence de base, ne suit pas en classe, s'y ennuie,se fait moquer de lui, perd confiance en lui, se marginalise...
conséquence du décrochage lorsque les apprentissages non stabilisés se délitent en l'absence de pratique.
La prévention et la lutte contre l'illettrisme recoupent la prévention et la lutte contre le décrochage.

Le raccrochage scolaire, phase de reconstruction du jeune vis à vis de lui-même et de la scolarité, doit alors prendre en compte pour être efficace la situation d'illettrisme du jeune.

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