RYTHMES SCOLAIRES :
L'ARBRE QUI CACHE LA FORET
La grève dans le premier degré parisien est d'abord révélatrice d'un malaise profond chez les professeurs des écoles, malaise qui dépasse largement la question des rythmes scolaires et qui s’accroît depuis au moins dix ans. Ce malaise prend racine dans un sentiment de déclassement, pour partie commun à toutes les professions enseignantes, mais dont certaines dimensions sont spécifiques au premier degré : déclassement à cause d'un pilotage hiérarchique infantilisant et dévalorisant, déclassement par rapport aux autres corps d'enseignants mieux servis en termes de rémunérations et déroulement de carrière, déclassement à cause du mépris dans lequel est tenue la pédagogie dans le débat public, alors qu'elle est au cœur des métiers et de la compétence professionnelle de nos collègues.
Ce
malaise doit être traité, mais il ne le sera pas par la réforme des
rythmes scolaires. Rendre justice à nos collègues Professeurs des
Écoles, cela passe par l'alignement de leur rémunération sur celle des
professeurs à même niveau de recrutement, cela passe par l'amélioration
de leur déroulement de carrière, et notamment leur accès à la hors
classe. Rendre leur travail plus satisfaisant, cela passe par la
réduction du face-à-face avec la classe en entière, par l'écriture de
programmes cohérents avec les spécificités et les missions du premier
degré dans le cadre du socle commun. Revaloriser leur travail, cela
passe enfin par un pilotage moins hiérarchique et suspicieux, basé sur
la confiance faite aux personnels.
Voilà
comment le Sgen-CFDT entend agir au service des personnels. Quelques
avancées ont été obtenues dans les dernières discussions avec le
ministère : réduction du face-à-face élève d'une heure, malheureusement
aux dépends du travail en petits groupes, refonte générale des
programmes, définition forfaitaire d'une partie des 108 heures annuelles
prévues, programmation de l'implantation de plus de maîtres que de
classes. De plus, le ministre envisage l'ouverture de discussions sur
les rémunérations. Il faut poursuivre dans cette voie, et même amplifier
notre exigence de transformation profonde de l'école. Mais faire la
course à l'immobilisme n'apportera rien aux personnels, au contraire.
Sauf à considérer que la situation actuelle est satisfaisante.
La
réforme des rythmes, telle qu'elle est proposée par le Ministère, ne
constitue pas non plus un point d'équilibre pour les élèves et le
fonctionnement des écoles. Le Ministère s'est d'abord trompé de méthode
en discutant séparément avec chaque partenaire, au lieu d'organiser une
consultation générale et publique, renvoyant chacun à ses intérêts
catégoriels. Il s'est aussi donné trop de contraintes, réformant dans le
cadre d'un volume annuel de travail en classe entière et d'un
calendrier annuel inchangés. Il faut maintenant poursuivre le travail
engagé, pour lui donner cohérence, et convoquer tous les acteurs de
l'Éducation pour faire aboutir la transformation des rythmes scolaires.
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