jeudi 3 juillet 2014

Désintox de la semaine : Les procrastinateurs perpétuels

Les procrastinateurs perpétuels

dessin désintox« Il faut faire aujourd’hui ce que tout le monde fera demain. »
Jean Cocteau
Alphonse Allais aurait dit : « Ne fais pas le jour même ce que tu peux faire le lendemain ». Si, à sa façon Alponse Allais était un philosophe, c’était avant tout un humoriste. Ses propos ne sont donc pas à prendre au pied de la lettre comme le font régulièrement certaines organisations syndicales pour lesquelles il est toujours urgent de reporter le moindre projet au motif que la profession n’est pas prête.
Aujourd’hui les personnels sont pris entre deux feux : celui du constat d’une situation difficile à plusieurs niveaux : rémunération, déficit d’image, souffrance au travail, échec d’une part non négligeable des élèves du primaire à la licence ; celui d’une succession de réformes, pendant la décennie 2002-2012, sous tendue par une idéologie fortement et foncièrement contre les fonctionnaires, contre la justice, contre le respect des personnels. Aujourd’hui, les résultats d’une enquête OCDE dresse le tableau noir d’une profession déboussolée et à la recherche d’elle-même. Les médias ont repris en boucle le chiffre selon lequel une large majorité des collègues doute, c’est un euphémisme, du bien-fondé et du pilotage politiques des réformes. Mais la même enquête, comme les différentes enquêtes menées par le Sgen-CFDT (Premier degréBIATSS et ITAcadres), indique aussi des difficultés indépendantes des réformes et inhérentes à un monde qui change : moindre attention des élèves, tensions et violences fréquentes, moindre intérêt pour la chose scolaire, désabusement quant à l’avenir…
Ces inquiétudes et ces angoisses ne peuvent trouver qu’une réponse politique au sens noble du terme, c’est-à-dire au sens de choix faits par les gouvernants sur la direction à donner à l’École : priorité au primaire, rythmes scolaires, refondation de l’éducation prioritaire, liaison école-collège… sont des choix politiques. Tout comme sont politiques les réponses ou réactions apportées par les syndicats à ces chantiers. Ce n’est pas parce que la question et la réponse sont politiques que cela signifie approbation aveugle des propositions ministérielles. En revanche, le choix de répondre ici et maintenant en ouvrant le champ de l’expérimentation, de l’aménagement des textes est un choix politique. Le Sgen-CFDT est intervenu pour faire évoluer les réformes lancées depuis 2012 à travers son mémorandum pendant l’été de la concertation puis en s’exprimant chaque fois que c’était nécessaire : sur les rythmes, sur la négociation métiers, sur l’éducation prioritaire
Mais politique est aussi le choix de demander systématiquement le report des textes, le retrait des réformes. C’est le choix de la non responsabilité, celui de l’incantation, celui de l’abandon des collègues.
Pour le Sgen-CFDT, l’action syndicale c’est agir pour la transformation du quotidien des personnels et des élèves. Ceux qui se gargarisent des appels au grand soir, aux vraies réformes, aux véritables concertations, ne contribuent pas à la recherche de l’amélioration ici et maintenant du quotidien des enseignants dans leur classe, des administratifs dans leur service, des chefs d’établissement dans leur bureau (mais aussi des élèves derrière leur table), de tous les personnels qui expriment le besoin à la fois d’un pilotage politique fort et d’une autonomie et d’une professionnalité reconnue.


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